"Accueille, va, avance, cherche !" (2)

C'est l'appel du pape François à nous tous, catholiques :  

Ces quatre impératifs définissent l'attitude catholique.

► « Accueille » vient en premier. C'est la disposition fondamentale : sans « accueillir » le Christ, donc aussi le prochain, on n'est pas un chrétien. Ne pas « accueillir » c'est donner un contre-témoignage de fermeture et subir l'apostrophe du Christ (Matthieu 23,13) : « malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez devant les hommes le royaume des cieux, car vous n'y entrez pas et n'y laissez pas entrer ceux qui le voudraient. » Plus nous nous affichons catholiques, plus nous risquons de donner un contre-témoignage et plus l'examen de conscience s'impose.

► « Va », c'est le « lève-toi et marche ! » de Marc 2,11. Le chrétien est un pécheur relevé : il est relevé d'une façon totalement imméritée et qui lui crée un devoir absolu, suivre le Christ qui le relève.

► « Avance » est la directive de Jésus à Simon en Luc 5,4 : « avance au large ! » C'est le mouvement de l'évangélisation. Elle n'est pas racolage, mais témoignage. On ne témoigne pas de « convictions » : on ne témoigne que de ce que l'on est. Et l'on est chrétien non par soi-même, mais par grâce. Quand François nous dit d'avancer vers les périphéries, il nous dit de commencer par sortir de notre égocentrisme* qui rebute autrui... surtout si l'égocentrisme se grime en « fidélité » à une « identité catholique »,  ce qui dénature le catholicisme.

► « Cherche... »  Dans l'Ancien Testament, « chercher Dieu » c'est le consulter. Consulter Dieu c'est nous en remettre à son jugement, quitte à  devoir changer nos opinions et nos désirs. C'est donc l'inverse de la démarche identitaire, qui prétend diviniser nos pulsions en faisant parler Dieu dans le sens de nos réflexes, lesquels sont ceux du « vieil homme » (d'avant la grâce).  Ce « vieil homme » dont la lettre aux Colossiens (3,9) nous appelle à nous « dépouiller »... Les prophètes de l'AT appelaient déjà à la conversion : pour « chercher le Seigneur tant qu'Il se laisse trouver », que le méchant « abandonne sa voie », dit Isaïe 55,6 ! Jésus dit : « cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice » (Matthieu 6,33 – autre traduction : « Faites du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première »).

Un catholique affiché peut manquer de ces dispositions de base : ce qui transforme son catholicisme en hypocrisie**, donc en contre-témoignage... Il ne peut éviter ce travers qu'en comprenant que Dieu est le maître du jeu : Le chercher, c'est découvrir qu'Il nous a aimés le premier (1 Jean 4,19). « Le Fils de l'homme vient dans le monde pour chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19,10) : Le servir exige que nous Le laissions nous ajuster à Lui, au lieu que nous prétendions L'ajuster à nous et Lui faire bénir des idées et des actes qui contredisent l'Evangile.

Ce choix est proposé au catholique à tout instant de sa vie, dans tous les domaines.

 

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* « Être chrétien, c'est d'abord et toujours s'arracher à l'égoïsme qui ne vit que pour soi, afin d'entrer dans une grande orientation foncière de la vie les uns pour les autres. Au fond, toutes les grandes images scripturaires traduisent cette réalité. L'image de la Pâque, l'image de l'Exode, qui commence avec Abraham et qui reste une loi fondamentale tout au long de l'histoire sainte : tout cela est l'expression de ce même mouvement fondamental qui consiste à se détacher d'une existence repliée sur elle-même. Le Seigneur Jésus a énoncé cette vérité de la façon la plus profonde dans la loi du grain de blé, qui montre en même temps que cette loi essentielle ne donne pas seulement toute l'histoire, mais marque dès le commencement la création entière de Dieu : “En vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il portera beaucoup de fruit.” Dans sa mort et sa résurrection, le Christ a accompli la loi du grain de blé. Dans l'eucharistie, dans le pain de blé, il est devenu véritablement le fruit centuple (Mt 13,8) dont nous vivons encore et toujours. » [Joseph Ratzinger, Un seul Seigneur, 1971]

** « Cet imbécile voudrait bien que son catholicisme lui serve enfin à quelque chose », dit un personnage d'Anouilh à propos d'un autre.